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5- Un film onirique

 

Avec Lost Highway, David Lynch bascule dans un cinéma noir totalement inédit. On retrouve dans ce film un véritable inventaire de symboles et de clichés de la culture américaine qu’il s’approprie pour mieux les détourner. Il nous embarque vers des nouveaux rivages de l’inconscient, dans une narration en forme de ruban de Moebius, où le temps et l’espace ne cessent de se trouer et de se dédoubler.

On ne peux s’empêcher d’être captivé par ce film, tant nos repères de spectateurs tendent à s’effacer devant tous les sortilèges plastiques utilisés pour nous plonger dans cette ambiance étrange, aussi belle qu’inquiétante.

Freud déclarait à propos de l’ " inquiétante étrangeté " qu’elle : " provient de ce qui , secrètement, n’est que trop familier, et donc refoulé ", et c’est là l’essence même du cinéma de David Lynch.

Durant tout le film, le spectateur ressent un certain sentiment de malaise. Le " sentiment " ou la " sensation " que Lynch cherche a véhiculer est fortement associé à une forme d’incertitude de la raison, qu’il définit lui-même comme l’impression d’être " perdu dans les ténèbres et la confusion ".

Pourtant, les mécanismes psychologiques qu’il décrit à travers ses personnages semblent toujours justes et familiers, même si l’on a parfois l’impression d’être plongé au coeur d’un cauchemar. C’est peut-être là, la grande force de Lynch : parvenir à fusionner tous les éléments cinématographiques afin de créer une " ambiance " ; lorsque tout ce que l’on voit et que l’on entend contribue à une émotion spécifique. C’est là l’élément crucial du cauchemar qu’il est impossible de communiquer par la simple description des événements qui s’enchaînent.

Et c’est sans doute parce que Lost Highway est un pur produit cinématographique et que Lynch ne cherche pas à illustrer une théorie, mais se contente d’aborder les idées, les images et les sentiments sans médiations, que toute interprétation du film est impossible, à moins d’en limiter son ressenti.

 

FIN

 

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