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LIENS RELATIFS

1-Un film noir

2-Le malaise

3-La fugue

4-Le Lost Highway Hotel

5-Un film onirique

 


AUTEUR

Nicolas Lossec

 

1- UN FILM NOIR

 

Lynch découvrit après coup le terme de " fugue psychogénique ". Ce terme médical désigne un trouble mental dans lequel on s’invente une nouvelle personnalité, un nouveau foyer, de nouveaux amis, etc…

Cela convient bien à l’histoire de Lost Highway, car dans la fugue il y a l’idée qu’un thème commence, puis il est relayé par un deuxième thème qui lui répond, tandis que le premier continue de fournir un accompagnement ou un contre-thème.

La structure du film semble en effet composée de trois parties, marquées chacune par une " transformation " entre Fred Madison et Pete Dayton.

Pour tâcher de comprendre comment s’articulent ces trois parties, nous allons essayer de repérer les différents thèmes et les différents indices que l’on retrouve de l’une à l’autre.

Il n’est pas question ici de tenter d’expliquer le film dans son ensemble, mais bien d’éclaircir et de dévoiler un peu plus les éléments qui ont permis à Lynch de tisser une toile cohérente, mais qui finie toujours par se dérober à nos yeux. Pour Lynch : " le mystère c’est bien, la confusion c’est mauvais ! "

Quand on interroge David Lynch sur le sujet même du film, voici ce qu’il répond : " Ca parle d’un couple qui a le pressentiment que quelque part, à la frontière de l’état conscient – ou de l’autre côté de la frontière - se cache un énorme problème. Mais ils ne parviennent pas à le convoquer dans le monde réel et à l’assumer. "

 

1.1- Le ruban de Moebius.

 

La première séquence du film, celle de l’interphone et du : " Dick Laurent is dead ", nous expose déjà le malaise de Fred Madison : que fait-il dans le noir, tout seul, assis sur son lit et fumant une cigarette ? On sent très bien qu’il y a quelque chose qui cloche ; il semble harcelé par une idée, par quelqu’un, mais nous ne savons pas encore par qui ou par quoi.

Cette séquence joue un rôle très important dans le film, car c’est à ce stade que le film forme une boucle (on retrouve la même scène plus de deux heures plus tard), et peut repartir dans un nouveau cycle. Nous sommes ici au point zéro, où tout a été fait, et où tout va se faire.

C’est en cela qu’on pourrait comparer la structure du film à celle du ruban de Moebius.

Ce ruban a la particularité de ne présenter qu’une seule face. On peut clairement identifier deux faces lorsqu’on désigne un seul point, mais quand on suit le ruban dans son ensemble, celui-ci n’en a plus qu’une.

 

moebius Le ruban de Moebius

 

Le ruban de Moebius était d’ailleurs une des figures topologiques étudiées par le psychanalyste français Jacques Lacan. Pour lui, l’inconscient pouvait s’interpréter comme un langage, et ce ruban symbolisait le " retour du refoulement ", un thème important dans Lost Highway. D’un autre côté, le ruban conceptualise parfaitement certaines oppositions binaires comme l’intérieur/extérieur, l’avant/après, le signifiant/signifié, etc :on parlera alors de fissures d’un royaume à un autre. Tout cela caractérise parfaitement la relation Fred Madison/Pete Dayton, comme nous le verrons plus tard.

Il est important ici, pour la suite de l’analyse, de garder en mémoire la figure du ruban de Moebius. On pourrait presque imaginer que le scénario entier du film soit inscrit sur ce ruban. Nous reviendrons plus tard sur la façon dont la narration a été construite sur ce modèle.

 

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