MAURICIO KAGEL né en 1931

Mauricio Kagel est né à Buenos Aires le 24 décembre 1931. Après des études de musique, d’histoire de la littérature et de philosophie en argentine, il devient conseiller artistique musical à dix-huit ans et co-fonde la Cinémathèque Argentine. Critique de cinéma et de photographie, il compose ses premières œuvres instrumentales et électroacoustiques. En 1957, après avoir été chef d’orchestre au Teatro Colon, il s’installe en Europe à Cologne, où il crée son propre ensemble musical le Kölner Ensemble für neue Müsik et dirige des cours de musique nouvelle. Depuis 1974, il occupe une chaire de théâtre musical crée à son intention.

J’ai beaucoup d’affection pour ceux qui opèrent dans la musique un certain décalage et qui brisent les conventions, goût très peu original dans notre monde actuel, mais l’effet « burlesque », « kitsh » ne doit pas être le fruit d’un hasard ou du fait d’un auteur qui ne sait pas vraiment faire autrement. Ici l’invention permanente, la proximité avec les formes populaires (Rrrrrrr…), la récupération musicale ne cachent aucune incompétence comme dans le cas de Cage qui voulant faire de la musique avec hasard nous donne de la musique hasardeuse et sans facture, ne faisant recette qu’auprès de ceux qui n’écoutent en réalité pas de musique. (J’excepte ses sonates pour piano préparé). Kagel fait de la musique de tout bois et redonne sens au mot spectacle, donnant à vivre des expériences auditives par l’utilisation de sons inouïs ou simplement par des associations inédites comme pour le trio de Sérénade où les trois interprètes changent leur instruments à vent, cordes grattées et percussions tout au long de la partition, au moins un changement à la minute, de façon aussi audacieuse que comique. Il n’est en effet pas rare de rire en concert chez Kagel, ou bien c’est un sourire silencieux devant les variations burlesques et irrévérencieuses de Ludwig van au combien plus intéressantes que la piteuse Symphonie de Pierre Henry(1) sur Beethoven. Mais au-delà de la poésie, des nombreuses références musicales et littéraires, c’est l’intelligence audacieuse qui caractérise cet argentin très européen, Protée inlassable de la contemporanéité et pourtant depuis longtemps déjà classique parmi les classiques.
 
Œuvres :

• Schattenklänge pour Clarinette basse
• Sérénade pour trois solistes
• Ludwig van
• Nah und fern (pièce radiophonique pour trompettes et cloches et arrière-fond)