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RÉSUMÉ

Pour une vision éclairée de l'art et de l'histoire.


CONFIANCE (?)


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AUTEUR

Nicolas Lossec

 

Gombrich

LA GLOBALISATION DE L'ART
Ernst Hans Gombrich (1909-2001)

 

L'un des principaux historien d'art du XXème siècle était aussi un homme attachant qui a su se rendre accessible grâce entre autres à sa merveilleuse et réputée Histoire de l'art, de plus en plus illustrée au fil des éditions.
Populaire par sa vision d'une histoire "culturelle" de l'art, en analysant les évolutions sociales, il intégra à sa discipline une dimension psychologique jusqu'à lors inédite. Son "Histoire" s'inscrit ainsi dans une continuité et fait succéder les artistes depuis l'homme des cavernes jusqu'aux impressionistes à la manière d'une grande saga romancée.
D'aucuns trouveront cette vision réductrice, en objectant que ce genre d'historien se complaisent dans des idées de progression et de déclin de l'art qui ont pour conséquences de dévaloriser un artiste ancien au profit d'un nouveau (voir cet exposé); or, c'est exactement l'impression inverse qui est donnée à la lecture Gombrich : les artistes semblent continuellement rendre hommage à leurs maîtres tout en ajoutant leur propre pierre à ce gigantesque édifice proteiforme formé par tous les arts.


Je ne pense pas que les pensées de Gombrich sur la peinture moderne et contemporaine soient les plus intéressantes, mais elles ont l'avantage de taper fort.
Pour se faire une petite idée du personnage, voici un résumé interessant de la vision de Gombrich sur cette "cassure" qu'il observe au XXème siècle : (le texte est visible sur ce site)

Jusqu’à Cézanne inclusivement, dit Gombrich, le fil de l’art occidental a été à peu près ininterrompu. De l’Égypte aux impressionnistes, la continuité l’a emporté sur les variations de style et de technique. Ce fil se casse au début du XXè siècle. Brutalement, la fonction de témoignage et de représentation de l’artiste s’interrompt. Cette rupture, pour Gombrich, est irréversible. Si le fil s’est cassé, c’est parce que le rôle de l’artiste est devenu indéterminé. La photographie et le cinéma l’ont privé de toute fonction sociale. La peinture attachait l’artiste à la société ; désormais, elle l’en sépare. L’artiste n’exprime plus que ses états d’âme. Ce peut être intéressant, dit Gombrich, quand Kandinsky, Klee et Mondrian cherchaient à atteindre, derrière le voile des apparences, une vérité profonde ; ou quand les surréalistes cultivaient la « divine folie », mais il s’agit là d’exceptions. Car le plus souvent, pour exister, l’artiste se complaît dans une agitation pure et simple. Pendant des siècles, l’Art se définissait par son caractère immuable ; il faut désormais qu’il bouge, qu’il innove. Absurde! Un véritable artiste n’a nul besoin d’être un novateur : Chardin et Vélasquez n’ont rien inventé, « ils se contentaient d’être excellents ». Nous sommes entrés, explique Gombrich, dans l’ère de l’ « activisme culturel » : un style chasse l’autre. L’art abstrait, apparu il y a à peine soixante ans, a déjà disparu. C’est le marché et la critique qui créent les styles, ce n’est plus l’artiste. De crainte de laisser échapper une bonne affaire, la critique décrète que tout est beau, la bonne comme la mauvaise peinture. Or, estime Gombrich, il n’y a pas de pire ennemi pour l’Art que l’absence de distinction entre le Beau et le Laid, que le fait de considérer que tout est relatif. Un Vermeer, un Rembrandt sont absolument beaux, ils ne le sont pas relativement.

À quoi reconnaît-on alors le véritable artiste? « L’artiste est son meilleur critique. S’il dialogue avec son œuvre, c’est un artiste ; s’il dialogue avec le public, c’est probablement un imposteur. ».

La culture de masse est une imposture. Depuis la Révolution soviétique, l’idée que l’Art devrait être accessible aux masses populaires a fait tache d’huile en Occident. La culture est devenue une activité politique. Les ministres de la Culture et des Beaux-Arts, les directeurs de musée sont jugés d’après la quantité de spectateurs auxquels ils permettent l’accès aux chefs-d’œuvre. L’activisme culturel préside aux expositions géantes des temps modernes. Tout est dans l’apparence, rien dans le contenu. Des millions de visiteurs s’y pressent, poussés par un « snobisme de masse », mais ils ne voient rien. S’ils ne voient rien c’est qu’il est impossible de regarder un tableau en trente secondes, impossible d’en voir cent en une heure. L’absence de culture artistique du spectateur aussi, empêche de voir les œuvres. En règle générale, l’accès à l’œuvre d’Art passe par une éducation artistique préalable. Plus la culture artistique du spectateur, sa connaissance de l’auteur, de son temps, de ses intentions, sont développées, plus il sera à même d’apprécier un tableau ou une sculpture. Le regard sur une œuvre peut aller du degré zéro à l’infini.


Après son Histoire de l'art qui rend bien dans sa bibliothèque, le décidement trop vulgaire ami Ernst nous pond carrément une Histoire tout court. Sa "Brève Histoire du monde" prend le pari de synthétiser les évènements advenus depuis le début des civilisations jusqu'à nos jours en quelques 300 pages, sur un ton léger et drôle, comme s'il s'adressait à un enfant.
Au début c'en est d'ailleurs un peu déroutant puisqu'on a l'impression d'être pris pour un neuneu de 12ans, mais très vite on prend plaisir à cette joyeuse régression tant on s'instruit vite et bien.
Alors certes on ne rentre pas dans les détails, mais cette scélérité nous permet d'embrasser une vision continue et globale de l'Histoire, en surlignant habilement(souvent de manière mnémotechnique) les repères chronologiques et idéologiques essentiels. Ce livre m'aide d'ailleurs beaucoup à l'élaboration de mon projet de chronologie globale (chronic).

Il est toujours frais mon Gombrich ! Qui veut mon Gombrich !

 

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