Extrait :
archée
lenteur pour occuper le creux
faim pour excéder l’étendue
et apprentissage indolore
pour longer l’immobilité
pour unir comme gisement
cette fourrure de temps d’eau
évidence de l’être
dans le matin blanchi c’est elle
presque aussi haute qu’une flamme
c’est l’eau entrée sans autre objet
et rassemblant tout ce qui tremble
puis aile émondée sur la vie
quelques mouvements l’eau sans plus
mais sans autre raison menant
ce feu fuyant c’est l’eau partie
l’eau cette noise répandue
cette détresse d’oliviers
l’eau cette aveugle canicule
comme un embrasement d’abeilles
parages
ce vantail cette fatigue
entre des mains ruineuses
occupant à la fin
plus de chaux que d’espace
Omneros. Car l’amour pour tous (omnes) s’expose ici en un tout-amour produit d’avatars, de tous à tout, l’espace et l’interrogation contenus s’offrent dans le chacun. Croisements de langues chez le poète Algérien en exil en France en quête de resurgissements. Amours qui vont à la source des chambres glisser dans la mousse à la quête de ce qui reste de fraîcheur, amours se perdant dans l’ellipse des chaleurs, exposition du désir, aveu de fatigue dans le forfait, hymne à l’obscurité rayonnante, immobilité en la suspension de l’énigme, publication de l’omise : telles sont les propositions du poète. Ainsi se conjuguent l’Eros en eros crypte, eros mer, eros terre, eroslude, omneros, thanateros et plus noir eros. La poésie à pour mission de poser des énigmes, de se faire obscurité pour inviter à l’élucidation d’une hallucination qui se sait porteuse de vérité, religion de l’homme c’est en cela que Mohammed est son prophète. A travers ces ombres il refuse la sous/mission et déchire le voile de la femme en une unique violence, la confusion des iniquités par l’absolution des ombres. A chaque page l’expérience d’un vent sur la poussière des écarts, les mots sont des aimants qu’attirent les images de la fièvre épongée par les linges qu’écartent les corps sur un lit de souffles. Reste en notre bouche une étrange saveur, ces mots de notre parler élevé en terre étrangère que l’auteur nous dévoile comme trahissant la nostalgie d’une autre langue, langue qui n’existe sûrement pas, ou n’existerait qu’à l’état virtuel. De Tous à tout, Omneros. Il faut de même refuser cette idée et les lire comme des poèmes d’amour et plus littéralement de l’acte d’amour.