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Aperghis

GEORGES APERGHIS 1945

 

Aperghis a commencé par les sentiers du dilettante en écoutant la radio et prenant ses cours de pianos chez une amie de la famille en Grèce. C’est à Paris en 1963 qu’il s’initiera au sérialisme à la musique concrète auprès des maîtres, puis aux recherches de son compatriote Xenakis. A la suite de ces formations, il tentera d’élaborer un langage personnel et libre voire libéré. Il créera en 1976 l’Atelier Théâtre et Musique (ATM) consacré au théâtre musical sa forme de prédilection. Il fait se confronter musiciens et acteurs, fait feu de tout bois, construit un langage autant improbable qu’efficace. Ce travail fera de lui un musicien et un metteur en scène extrêmement éclectique et rarement élitaire. Son œuvres très prolifique, ne contient pas que des œuvres de scène et de nombreuses pièces pour instrument(s) sont présentes au répertoire même si la voix, le jeu ne sont pas loin. Restes quantité d’œuvres instrumentales audacieuses et dérangeantes.

La première fois que j’ai écouté Aperghis, j’ai été envouté par une voix de femme couplée à une clarinette basse qui expulsait le son dans un cantique étrange. C’était le numéro 1 des cinq Couplets (1988) en réalité une poésie « phonétique » [Tae-Ir-Is-Um-Es-Al-Koué-Ad-Am] scandées à la noire. Je me suis dit c’est un bon. La première fois où j’ai vu un récital avec une de ces pièces dont je n’ai pas le nom (je lance un avis de recherche), la soprane déclamait un flot incompréhensible de mots qui lui faisait jouer la femme trompée, lassée, hystérique qui finissait jetant sa chaussure au milieu de la scène en partant furieuse, l’ensemble dans un synchronisme parfait jeu/voix et un niveau requis extrême. Je me suis dit c’est un dieu. La fois où j’ai été voir le petit chaperon rouge (2001) en représentation et que je me suis retrouvé au milieu de pianistes devenant choristes et des clarinettistes faisaient le tour de deux pianos en jouant et marchant sur les genoux, je me suis dit c’est un fou.
Eh bien oui : c’est un bon, un dieu et un fou qui torture les musiciens, les comédiens, et qui fait même chanter les percussionnistes ! Et c’est même écrit sur le papier. Le seul problème c’est qu’il n’est jamais là où on l’attend : choisissant musique savante ou « souple », selon les circonstances il peut tenir autant d’Alexis Gruss, de Fluxus que de Xenakis. De ce fait sa musique est indéfinissable dans les termes habituels malgré son écriture rigoureuse, peut être intègre t-il les notes comme on intègre les bruits dans la musique concrète et inversement. De ce fait la musique habituellement construite sur le temps ici se définie mieux par l’espace. Si j’étais dans la presse je vous dirais juste d’aller le voir pour comprendre, mais c’est un peu juste. Alors je vous dis Crotte, et voilà.


 
Choix d’œuvres :

  1. Die Hamletmaschine-oratorio pour chœur, solistes et ensemble

  2. Sextuor pour cinq voix de femmes et violoncelle

  3. Le petit chaperon rouge pour ensemble *

  4. Triptyque pour percussions et harpe *

  5. Cinq Couplets  pour soprano et clarinette basse

*  les instrumentistes chantent.

 

 

bas©EX-ES 2007 end